A la découverte de Mortemart

Mortemart vu d’en haut

 


Réalisation : Marc Sauteraud

 

Vue aérienne d'ensemble_2

135_C

 
 

Histoire et Patrimoine

Plan de Mortemart

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Légendes du plan de Mortemart  :

1 – Château des Ducs de Mortemart
2 – Halle
3 – Maison du Chevalier de Béon
4 – Bureaux de La Sénéchaussée
5 – Maison des Verdilhac-Villelonge
6 – Résidence du Sénéchal
7 – Porche d’entrée du Couvent des Carmes
8 – Couvent des Carmes
9 – Eglise Saint-Hilaire
10 – Mairie
11 – Couvent des Augustins

 

Un passé glorieux et prospère

Petite cité de caractère, dont le site a été protégé dès 1965, Mortemart est la seule commune portant le label des « Plus Beaux Villages de France » en Haute-Vienne depuis 1983. Elle présente un ensemble architectural imposant, d’une grande pureté de lignes et entretenu dans le respect de son authenticité. Témoins d’un passé glorieux qui raconte dix siècles d’histoire, la plupart des bâtiments et de nombreux objets sont inscrits ou classés au titre des Monuments Historiques.

La bourgade s’est développée autour du château bâti au Xème siècle. Les couvents des Carmes et des Augustins construits au XIVème siècle rappellent que Mortemart fût un important centre religieux. L’ancienne halle du XVIIème siècle et les maisons de notables soulignent aussi que Mortemart fût une place commerçante prospère et influente. 

 

Le Château des Ducs

Abon DRUT, Seigneur de Mortemart, fût autorisé à édifier un château sur ses terres, en 995, après avoir défendu victorieusement la cité de Bellac contre le comte Guillaume de Poitiers. Il est le berceau de l’illustre famille qui porte son nom et s’est distinguée à travers les siècles par la valeur militaire de ses fils, la beauté de ses filles et l’esprit commun à tous, dit « esprit des Mortemart ». Démantelé par ordre de Richelieu, le second étage des tours, du bâtiment central ainsi que le donjon furent détruits. Vendu comme bien national à la Révolution, il a été racheté à la fin du XIX ème s. par la famille de Mortemart à laquelle il appartient toujours.

En partie ceinturé par ses anciennes douves dans un écrin de verdure, le château donne à découvrir un porche de granit blond, une tour à cinq pans qui abrite un escalier à vis en pierre, de belles fenêtres à meneaux, une tour ronde rehaussée en 2003 et des cheminées monumentales du XVème s.

Le château est le siège de l’association touristique du village depuis 1978.

Château des Ducs_été

 chateau entouré d'eau

La Halle

Edifice rustique typiquement limousin du XVIIème s., la halle est construite en matériaux du pays. Elle possède douze piliers qui supportent une belle charpente à quatre pans. Les piliers, les poutres et les chevrons sont en chêne alors que la volige est en châtaignier. Elle est simplement posée sur le sol d’un côté et sur un mur de l’autre.

Inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 2009, elle rappelle le florissant passé commercial du lieu, des foires mensuelles ayant été instaurées en 1681, le 1er mardi de chaque mois. Un marché hebdomadaire, établi par Louis II, duc de Mortemart, est venu les compléter à partir de 1730.

Les foires ont joui d’une grande renommée jusqu’à la seconde guerre mondiale. Les marchands de produits manufacturés s’installaient sous la halle pendant trois jours. Les paysans vendaient leurs animaux sur les places du village. On remarque dans le sol une belle pierre avec un anneau auquel on attachait la plus belle bête de la foire et le bœuf gras le jour du mardi gras.

Aujourd’hui, la halle accueille un marché de produits régionaux alimentaires tous les dimanches matin de juillet et août.

Les outrages du temps l’ayant fragilisée, elle a été entièrement démontée et restaurée en 2013.

A proximité de la Halle se trouve une fontaine construite vers 1850. L’eau arrive par gravitation et ne s’est jamais tarie.

 

Les Couvents

Né à Mortemart à la fin du XIIIème s., Pierre Gauvain fit du village un important centre religieux. Il a été successivement Chantre de la Cathédrale de Bourges, évêque de Viviers puis évêque d’Auxerre. Il fût nommé Cardinal en 1328 par le Pape Jean XXII qui était à cette époque en Avignon. Il quitta la cour du Pape pour celle du roi de France, Charles IV le Bel. Ce dernier lui accorda l’autorisation d’utiliser ses biens pour la fondation d’églises et d’hôpitaux dans sa paroisse natale.

Ainsi trois couvents furent élevés à Mortemart en 1330 : le Couvent des Carmes, le Couvent des Augustins et le Couvent des Chartreux. Le Cardinal Gauvain souhaitait que des prières soient dites jour et nuit, ce qui fut fait jusqu’à la Révolution malgré le départ des Chartreux en 1412.

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 Plan des Couvents en 1805

 

L’ancien Couvent des Carmes, en partie privé, était destiné à accueillir et soigner les pèlerins et les indigents. Il se caractérise par la pureté de ses lignes, le bâtiment ayant subi très peu de modifications. Il formait un quadrilatère fermé par une chapelle détruite en partie à la Révolution et entièrement démolie lors du percement de la route de Blond vers 1850. Les moines étaient riches car il fallait apporter des biens pour entrer dans la communauté. Au XVIIème siècle, ils ont fait refaire leur porte d’entrée. La niche située au-dessus abritait une vierge du Mont Carmel. La niche au-dessus de la porte de ce qui était l’hôpital abritait aussi une vierge du Mont Carmel. L’aile centrale du couvent abrite deux escaliers monumentaux en granite et bois datant du XVIIe, dont l’un est privé. Les marches de l’escalier ouvert au public sont toutes constituées d’un seul bloc de granit. A l’origine, les murs étaient peints et l’on peut encore distinguer quelques restes de frises du XVIIème s.

Chaque aile du bâtiment était munie d’un cadran solaire dont on distingue nettement les emplacements.

Porche Couvent des Carmes
Escalier Couvent des CarmesFaçade Couvent des Carmes Nord

 

Bâtiment aujourd’hui privé, l’ancien Couvent des Augustins avait pour mission de diriger un collège. Les moines devaient instruire de jeunes garçons, de 10 à 20 ans, non fortunés, et n’étant pas obligatoirement voués à la vie religieuse. Sa façade a été refaite en pierre de taille au XVIIIe par les Frères Broussaud, célèbres architectes limousins. Elle rappelle celle de l’évêché de Limoges que l’on doit aux mêmes architectes. Une enfilade de trois portes d’entrée en granit laisse apparaître la fontaine de l’ancienne ferme (XIVe) aux armes du cardinal. Le bâtiment situé entre le couvent et l’église était destiné au collège. La salle sous le clocher était le parloir. Le collège est devenu presbytère puis école.  Il abrite les locaux de la mairie depuis les années 90. On peut y admirer un bel escalier en bois à double révolution du XVIIème s.

Pigeonnier Couvent des Augustins

 

 

Le couvent de l’ordre des Chartreux, dont il ne reste aucune trace, était, selon toute vraisemblance, situé à l’arrière du Couvent des Augustins en direction de Blond. Il était servi par des frères qui se consacraient à la prière. Les maisons de ces religieux voués à la solitude étaient trop proches des autres couvents. Ils quittèrent donc Mortemart moins d’un siècle après leur installation. Leurs biens furent partagés entre les deux autres couvents.

 

L’église Saint-Hilaire-de-Poitiers

Edifiée au XIVème siècle, l’ancienne chapelle du Couvent des Augustins est devenue église paroissiale au XVIIème s. et a alors été munie d’un clocher à triple bulbe couvert d’ardoises, situé au-dessus de ce qui était le parloir du collège conventuel.

Elle abrite de nombreux trésors parmi lesquels de très belles stalles en chêne du XVe, dont les miséricordes sont décorées de sculptures toutes différentes, représentant des animaux, des végétaux et des personnages. A remarquer dans le choeur un imposant retable du XVIIème s. en bois doré et peint en imitation marbre. De chaque côté de la Piéta subsistent des peintures sur lambris du XVIIème s. également : à gauche l’Assomption de la Vierge et à droite la Résurrection du Christ. Un magnifique lutrin en bois doré du XVIIème s. est orné de l’aigle de Saint Jean l’Evangéliste dont les ailes déployées servaient d’appui aux livres de chants liturgiques.

Une très belle vierge en granite du XIVème s. se trouve sur la droite du choeur, dans l’ancienne piscine eucharistique. Elle était initialement située au-dessus du porche d’entrée, ce qui explique qu’elle soit coupée aux genoux car elle était faite pour être vue par en-dessous.

A l’arrière de l’église, on découvre les vestiges de la grande église du Moustier. Les moines devaient y assurer la permanence de la prière. Il subsiste de belles colonnes gothiques, la clef de voûte à têtes humaines et la double fontaine eucharistique qui attestent des grandes proportions de cet édifice. Elle était perpendiculaire à l’église actuelle et rejoignait la chapelle du Couvent des Carmes qui se trouvait à l’emplacement de la route.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Vestiges de l'église du Moustier

 

Les Maisons des notables

La prospérité de Mortemart était telle qu’une organisation judiciaire complète y fut installée à la fin du XVIIème siècle : un juge Sénéchal, un procureur, des sergents, des huissiers, des notaires, des médecins, des artisans…De belles maisons privées en témoignent.

 

 Les bureaux de la Sénéchaussée

Ce bâtiment date du XVème siècle. Il a conservé la même hauteur à travers les siècles, les agrandissements ayant été faits en épaisseur par l’arrière. La tour centrale abrite un bel escalier droit en pierre. La construction était symétrique, de part et d’autre de la tour. L’édifice a été mutilé vers 1850 au moment du percement de la route allant de Bellac à Saint-Junien.  L’église paroissiale Saint Hilaire qui était en ruines depuis la fin du XVIIème siècle au milieu de l’actuelle route a été également détruite. Au début du XXème siècle, on pouvait reconnaître dans le parc de la Sénéchaussée le portail en ogive de l’église.  

 

La maison des Verdilhac-Villelonge

Authentique maison limousine, la maison des notaires du village a été construite au XVème s. et se singularise par une toiture ayant un fort débord. A l’arrière de cette maison, la tour abrite un escalier à vis en bois de chêne. Un pigeonnier percé dans le mur arrière montre la richesse des propriétaires.

Maison des Verdilhac-Villelonge

 

La maison du Chevalier de Béon

Au fond de la place du Château des Ducs se trouve la maison du Chevalier de Béon, gentilhomme de la cour d’Henri IV. Henri IV étant venu à Mortemart à plusieurs reprises, le Chevalier de Béon qui l’accompagnait y acheta cette maison.

Maison du Chevalier de Béon_2

 

La Résidence du Sénéchal

La résidence du Sénéchal, aisément reconnaissable grâce à son échauguette, petite tour d’angle en hauteur, date du XIVème siècle. C’est la première maison qui fût restaurée à Mortemart, avant 1970. Elle abrite depuis 1956 la maison d’édition artisanale Rougerie qui fait partie intégrante du patrimoine culturel du village. Fondée par René Rougerie en 1948 à Limoges, elle est au service de la poésie, affirmant une totale liberté dans ses choix éditoriaux, revendiquant même le droit de se tromper. Du « Langage entier » de Joë Bousquet à « La chasse d’eau » (ou Poèmes cons) de Jean L’Anselme, le plaisir de la lecture et de la découverte s’associe à celui de la fabrication de l’objet-livre dans un atelier  riche d’encres, d’odeurs de plomb, de bruits et de désordre, le tout assorti d’une diffusion assurée par ses soins. 

Résidence du Sénéchal Atelier Rougerie